Magnifique conte de fée qui montre que l’amour est capable de rendre leur beauté et leur humanité aux plus monstrueux des êtres humains ? Au contraire, terrible histoire d’emprise psychologique où une prisonnière cède à son terrifiant bourreau ?
Même si elle vise un jeune public, la version qu’en donne Sarah Gabrielle ne fait pas complètement abstraction de cet enjeu avec quelques clins d’œil et une référence explicite au « syndrome de Stockholm ». Nourrissant l’ambition de mêler tout à la fois le romantisme à l’humour et à la peur, son écriture s’efforce (avec plus ou moins de réussite) de révéler les ambivalences d’une histoire dont les enfants perçoivent ce qu’elle peut contenir de trouble et d’inquiétude.
La mise en scène est dynamique et tire un très bon profit de la relative exiguïté de la scène grâce au travail sur les lumières et les transparences, à la qualité de l’animation vidéo et au soin apporté aux costumes, parmi lesquels impressionne le masque tout en laideur, poils, cornes et dents pointues que porte Baptiste Deschamps. Certains enfants ont besoin des bras de leur parents pour les rassurer mais tous sont séduits par un imaginaire qui les invite à dépasser les apparences.
Frédéric Manzini
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