Les Contes de la peur bleue – Opus 2

Dans l’obscurité d’une maison abandonnée, deux femmes mystérieuses se livrent un duel : raconter la plus terrifiante des histoires !
Même si leurs récits envoûtants font dresser les cheveux sur la tête, les deux rivales savent arracher des éclats de rire aux spectateurs les plus sensibles, car elles manient l’humour comme les mots avec délectation.
» Un univers de fantômes, de vampires, de malédictions… Qui permet de jouer avec l’effroi et d’en rire… Une joute savoureuse, qui prend des airs de leçon sur le « comment faire peur ? »… On s’amuse beaucoup à écouter ces contes délicieusement effrayants et poétiques. » Télérama
» Un bel échange pour un effet garanti auprès du public. On sort agréablement surpris de ce mélange comico-terrifiant. À voir absolument. « Pariscope
mercredi 29 janvier | 15h |
samedi 1 février | 15h |
dimanche 2 février | 15h |
mercredi 5 février | 15h |
La Boîte Mondes
D’après les contes fantastiques de Guy de Maupassant, Théophile Gautier, Edgar A. Poe et deux contes populaires
Adaptation, jeu et mise en scène : Hélène Boisbeau Adaptation et jeu : Chantal Gallier
Chorégraphie : Philippe Bonhommeau
Lumière : Eric da Graça Neves et Célia Idir
Musique, sons : François Marnier
Scénographie, costumes : Marion Laurans
Matinées scolaires
Jeudi 30 janvier | 9h30 | 14h30 |
Mardi 4 février | 9h30 | 14h30 |
Les réservations seront ouvertes à partir de septembre.
Demande d’informations par mail : espaceparisplaine@wanadoo.fr
Dossier pédagogique
INTENTION
Créé en 2009, Les Contes de la Peur bleue a attiré 10.000 spectateurs.
Plus de dix ans après, les contes fantastiques du XIXème siècle nous inspirent un Opus 2.
Le Chat noir d’Edgar Allan Poe, traduit par Baudelaire (1843) et deux contes populaires (La Goulue, 1886 ; La Fille Vampire, 1904) viennent rejoindre Sur l’Eau de Guy de Maupassant (1876) et La Cafetière de Théophile Gautier (1831).
La dramaturgie s’appuie sur la langue des différents textes mais aussi sur la lumière, la musique, la scénographie et les costumes pour construire un crescendo de la peur.
L’ensemble des textes rassemblés offre une langue musicale et imagée riche en rupture, entre mots savants et expressions populaires.
La lumière participe à l’instauration des codes de jeu, en mettant l’accent sur les contrastes entre des espaces chauds et froids.
La musique et les sons soutiennent l’aspect onirique des histoires et les fractures temporelles.
Tandis que les costumes, d’inspiration victorienne, ancrent les personnages dans un univers baroque, la scénographie reste légère et mouvante. Elle permet de figurer des espaces ou de suggérer des atmosphères tout en réservant des surprises.
Qui n’a pas profité de l’obscurité pour se raconter des histoires effrayantes ? Aborder le thème de la peur avec les enfants les invite à s’amuser avec elle pour en rire et la vaincre. Et grandir.
La théâtralité et la dérision contribuent à apporter de la distance.
Notre spectacle offre plusieurs degrés de lecture. La mise en scène, la poésie des auteurs et le burlesque des personnages, pris à leur propre jeu, permettent au public de tout âge d’y trouver son plaisir.
« Car on n’a vraiment peur que de ce qu’on ne comprend pas… » G. de Maupassant
EXTRAITS
« Pendant ce temps, la rivière s’était peu à peu couverte d’un brouillard blanc très épais qui rampait sur l’eau fort bas, de sorte que, en me dressant debout, je ne voyais ni le fleuve, ni mes pieds, ni mon bateau, mais j’apercevais seulement les pointes des roseaux, puis, plus loin, la plaine toute pâle de la lumière de la lune. Je pensais à me sauver à la nage, puis aussitôt cette idée me fit frissonner d’épouvante. Je me vis perdu, allant à l’aventure dans cette brume épaisse, me débattant au milieu des herbes et des roseaux, ne voyant pas la berge et ne retrouvant plus mon bateau… » Sur l’Eau
« Une plainte, d’abord voilée et entrecoupée, comme le sanglot d’un enfant, puis, bientôt, s’enflant en un cri prolongé, sonore et continu, tout à fait anormal, antihumain – un hurlement – un glapissement, moitié horreur et moitié triomphe – comme il peut en monter seulement de l’enfer – affreuse harmonie jaillissant à la fois de la gorge des damnés dans leur tortures, et des démons exultant dans la damnation. Il se sentit alors défaillir, et chancela contre le mur opposé. » Le Chat noir
« Tout à coup le feu prit un étrange degré d’activité ; une lueur blafarde illumina la chambre, et je vis clairement que ce que j’avais pris pour des peintures était la réalité. Car les prunelles de ces êtres encadrés remuaient, scintillaient d’une façon singulière. Leurs lèvres s’ouvraient et se fermaient comme des lèvres de gens qui parlent, mais je n’entendais rien que le tic- tac de la pendule et le sifflement de la bise d’automne.
Une terreur insurmontable s’empara de moi… » La Cafetière
ACTIONS PEDAGOGIQUES – ATELIERS – RENCONTRES
Parallèlement au spectacle, la Boite Mondes propose diverses actions pédagogiques en lien avec les thèmes du spectacle.
Bords plateaux – sur demande
A l’issue des représentations, les comédiennes échangent avec les élèves et répondent à leurs questions au sujet de la pièce et tout autre sujet qu’ils souhaitent aborder sur les métiers du spectacle.
Interventions dans les classes avant/après le spectacle
Nous présentons le spectacle, sa genèse, l’époque où il se situe et les auteurs. En prenant appui sur des extraits, nous évoquons les thèmes abordés. Nous échangeons avec les enfants sur « ce qui fait le plus peur ».
Ateliers théâtre
Nous proposons des ateliers d’1 à 2h autour des thèmes du spectacle : jeu de rôle autour de la dualité terrifiés/terrifiants, comment raconter une histoire en improvisant, ou lisant…
Nos ateliers sont structurés autour d’exercices divers, d’improvisations sur des musiques enregistrées, et à partir de textes sélectionnés avec les enseignants.
La pièce
Elle s’articule autour de cinq histoires qui vont de 1831 à 1904 : La Cafetière, Sur l’Eau, Le Chat noir, et deux contes populaires, ces deux derniers s’inscrivant dans une tradition orale très ancienne.
Elles ont été choisies parce qu’elles étaient les plus compréhensibles pour des enfants dès l’âge de 8 ans, et adaptées en modernisant le vocabulaire.
L’enchaînement des contes est fondé sur la surenchère : deux narratrices rivales se lancent dans un concours de la peur. Impressionnants de prime abord, les personnages sont interprétés sur le mode burlesque. À force de vouloir terrifier leurs visiteurs, ils finissent par se faire peur eux-mêmes, créant ainsi le lien avec les enfants et leur propre peur.
Notre pièce permet aux jeunes enfants d’accéder à la langue du XIXème siècle, d’aborder donc une littérature généralement réservée aux « grands ».
Les thèmes de la pièce
La peur
« Tous les enfants ont peur de l’obscurité, du loup, des monstres, des voleurs. C’est un passage obligatoire car les peurs font partie intégrante du développement de l’enfant. Il ne faut donc pas s’en inquiéter particulièrement. » Anne Bacus, Même pas peur.
La peur est une fonction naturelle de l’être humain, elle permet de mobiliser ses ressources face aux dangers ou aux angoisses. Les histoires qui font peur contribuent à mettre des mots et des images sur les peurs archaïques des enfants et elles les aident à construire leur personnalité.
Le jeu constitue un moyen pour eux de se délivrer de leurs craintes, et de les transformer en plaisir car les enfants sont fiers de les avoir vaincues. Toute peur, sainement transmise, s’accompagne de la possibilité de la transgresser par le rire. Le théâtre et sa distanciation, comme la lecture quand elle est commentée, permet à l’expérience intérieure du récit de tenir à distance ce qui effraie, comme ici les monstres, les fantômes, l’inconnu, le noir, la peur universelle.
Précisons encore que la réception du spectacle en très différente en fonction de l’âge des enfants : si les CE2 frissonnent dès le lever de rideau (ils ont souvent peur d’avoir peur et, en même temps, ils adorent ça), les 6èmes, qui ont le Conte au programme de français, s’amusent et participent beaucoup. Quant aux 4èmes, qui étudient le Fantastique, ils éprouvent un grand plaisir à voir interpréter des contes qu’ils ont lus, et à décrypter les trucs du théâtre.
Le pouvoir des mots
Le parti pris de la mise en scène est de laisser parler les mots. Peu d’effets, peu d’accessoires et souvent rien du tout, l’illusion naît de la langue, de sa musicalité, et des images qu’elle suggère. Ainsi, les scènes épurées du plateau ne créent pas seules l’angoisse de peur, l’imaginaire des spectateurs, emporté par la poésie du langage,yparticipepleinement.
Les auteurs – Littérature du XIXe siècle
Les auteurs de contes fantastiques du XIXème siècle, Guy de Maupassant, Théophile Gautier, Edgar A. Poe, traduit par Baudelaire, s’appuient sur des peurs « classiques », universelles : celle du noir, des monstres, des spectres, des châteaux hantés, mais aussi sur la peur de ce qu’on ne comprend pas : l’inconnu, le changement, la mort. Rien à voir avec les peurs modernes qui informent sur notre temps (peur des machines…)
Ces contes s’inscrivent dans une tradition de la peur. Ils nous racontent des visions fantastiques où les spectres peuvent tuer et où les hommes tombent amoureux de fantômes.
Les contes populaires, anonymes, sont les plus proches du langage courant et les plus cruels. Ils abordent des thèmes comme le vampirisme ou la nécrophagie, mais ils se terminent bien : « Si les enfants aiment les contes de fées […] c’est parce que malgré toutes les pensées coléreuses, anxieuses auxquelles le conte, en les matérialisant, donne un contenu spécifique, les histoires se terminent toujours bien, issue que l’enfant est incapable de trouver tout seul. » Bruno Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées.
La nouvelle fantastique
Né au XVIIIème siècle, le genre fantastique n’a jamais cessé de se développer jusqu’à aujourd’hui sur toutes sortes de supports : films, jeux, BD… De plus, il a largement inspiré le mouvement gothique depuis les années 1960.
Le fantastique s’impose en France au XIXème siècle sous la forme de nouvelles. Théophile Gautier en est un des précurseurs.
La nouvelle fantastique prend appui sur le réel. Le monde décrit est semblable au nôtre mais l’action se situe souvent la nuit, le personnage est seul et l’action se passe dans un cadre qui génère le malaise : château, cimetière… Ainsi, l’imaginaire est alerté et le surnaturel peur surgir. Le lecteur s’interroge, avec le personnage : suis-je éveillé ? Suis-je victime d’une hallucination ?
Dans la mise en scène de la pièce, les mots jouant le premier rôle, habillés par des voiles légers et des lumières contrastées, les peurs les plus irrationnelles s’emparent du spectateur. Ce sont les narratrices, deux fantômes, qui par leur jeu font surgir la distance et le rire : ce n’était que du théâtre !